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Ma truite record en France

et pourtant, les conditions de pêche n’étaient pas idéales

apéro chez Bruno ce soir : je dois revenir sur Bayonne vers 19h maxi, et donc arrêter la pêche à  18h30. Il est 14h30, je suis encore dans mon canapé, à  digérer un poulet coco. Il fait chaud (27°C environ), grand soleil, ce n’est pas l’idéal pour aller à  la truite. Je ferai mieux d’aller taquiner la louvine vers St Jean de Luz ou Guethary … une webcam me montrera que l’océan a l’air très calme, trop calme. Donc peu de chances de rencontrer des bars (louvine). Allez, je vais aller à  la truite ! La grande Nive est en décrue, 0,59cm à  Osses, en forte baisse par rapport à  avant-hier, avec 1,09 au sommet de la crue.

Hier, les eaux étaient encore un peu trop marron, mais aujourd’hui, ça devrait le faire avec une eau juste encore un peu teintée. Donc conditions mitigées : soleil, plein juillet, plein après-midi, mais décrue … et pourtant … ce sera un jour de gloire ..!!…

une heure et demi à  attendre son passage …

J’arrive, le soleil est pas loin de son zénith. Pas de gobages sur l’aval du lisse sur lequel j’aime à  officier en ce moment. Je constate également que les bancs de plantes aquatiques ont quasiment tous disparus avec la belle crue d’avant-hier. A priori, ce n’est pas une bonne nouvelle : ces plantes assurent en effet le gîte et le couvert en concentrant plein de bébêtes au menu des truites. Pas un gobage, pas d’insectes ….. j’étais au même endroit hier après-midi et n’ai pas vu la moindre activité, avec il faut le dire, des eaux moins favorables, plus boueuses, mais une météo similaire. Je ne peux pas faire comme hier et monter sur les Aldudes pour rencontrer de la vie. Chronique d’une bredouille annoncée ?

Seule option : ne pas attendre un hypothétique gobage  plein courant, mais pêcher à  l’indienne en remontant la berge. Armé de mes polarisantes vieillissantes (des nouvelles JMC arrivent si pecheur.com daigne activer ma commande), je commence à  remonter la berge ombragée.

Mon instinct me guide sur un premier spot que je dédaigne toujours. Je jette un regard rapide, et là , que vois-je ? Une truitasse de chez truitasse, un bestiau de chez bestiau, face à  moi. Elle ne me voit pas, grce à  la pénombre due aux arbres qui envahissent la berge. Je m’immobilise, mais ne peux armer un lancer arbalète. Elle est dans 15/20 cm d’eau, et cherche surement des gammares. Elle fera un tour de cette retourne et filera discrètement, sans m’avoir vu, mais sans m’avoir permis de lui proposer quoique ce soit. Un poisson de 50 au moins. Je suis vert …

Si elle est passée, elle repassera !

c’est ce que je me dis pour me gonfler le moral. si elle est passée une fois, c’est qu’elle y a un intérêt : croquer des gammares ou autres petite bébête. Elle repassera donc, mais quand ? Dans 1 min, 10 min, dans 2 heures ?

Je me mets donc dans la peau d’un héron, et attends, planqué contre le tronc des arbres qui bordent cette retourne. Ma canne est passée entre deux ronces qui pendent des branches, j’ai échangé ma petite éphémère pour un sedge cul de bécasse.

J’attends …… J’attendrai ! le jour et la nuit, j’attendrai toujours, son retour ……

1/2 heure …. toujours rien, la belle n’est pas repassée …

Je décide d’aller plus haut, c’est rpé pour celle-là . Je me recule, et là , je la vois, un peu en aval de mon bosquet d’arbres. Je m’immobilise à  nouveau. Elle passe derrière le bosquet, j’en profite pour lui poser mon sedge sur son chemin présumé. Elle se dirige vers lui … et l’ignore royalement. Elle repasse dessous, et l’ignore à  nouveau. Elle doit bien être sur des gammares, et ne calcule pas une seconde ce qui passe au dessus d’elle…. Elle disparaît à  nouveau, pas pressée, preuve qu’elle ne m’a toujours pas vu.

J’en profite pour changer de mouche, une oreille de lièvre peut-être ?

Attendre encore ….. facilement 1/2 heure plus tard, je la distingue à  nouveau. Elle va repasser dans la retourne. Je ne bouge plus, toujours collé aux troncs d’arbres, juste au bord de l’eau, à  1,5 ou 2 m du chemin de la belle.

Ma mouche, déjà  prépositionnée à  quelques cm au-dessus de la surface, est promptement abandonnée à  son sort, sur le chemin espéré de la belle. Elle passe à  coté, et ignore mon artificielle. Trop occupée à  pister les gammares (nous sommes dans une retourne envahie depuis cette année d’un amoncellement de feuilles mortes, qui obstruent l’espace et comblent petit à  petit cette retourne.

Je lui repose mon oreille de lièvre plus loin, elle passe dessous et ignore à  nouveau ma proposition. Je tente le tout pour le tout et lui pose quelques cm du museau. Le risque est grand de l’effaroucher, mais je ne me vois pas attendre à  nouveau 1/2 heure.

Et là , miracle ! … elle bascule son corps, oriente son museau vers la surface, et vient cueillir la petite touffe de poils, très tranquillement. Tout aussi tranquillement, je ferre sans trop forcer (je suis monté en 12/100e).

Elle est au bout !

Le combat sera dense, mais bref. Le peu de profondeur empêche la belle panthère d’user de se force et de sa vitesse. Elle explose à  la surface, mais ne trouve pas la sortie de cette zone à  faible profondeur. Je me jette à  l’eau pour lui barrer le chemin, tout en la bridant comme je peux. Je saisis mon épuisette, la glisse sous elle, ça y est, elle est vaincue !

Je n’en reviens pas, elle est splendide ! Un poisson de 51 cm, ce qui est (il me semble), mon record en France. Un mle très costaud,avec une gueule très dentée, avec une robe magnifique, un corps dense, trapu … Je suis aux anges.

51 cm, mon record ….. j’aurai du mal à  la relâcher. Pas que l’envie de la tuer me sois venue à  l’esprit, mais tenir un tel poisson, aussi beau, aussi espéré, aussi fantasmé, admirer sa robe magnifique, …. Après une ou deux minutes à  la contempler, je lui rendrai la liberté … YYYYYYYEEEESSSSSSS !!!!!!! Enfin une récompense.

Tant de parties à  espérer un trophée comme celle-là . J’aurai bien sà»r une pensée pour Nico, Romain et Emile, qui sont peut être au même moment sur la madison river, à  taquiner la cut throat. J’aimerai pouvoir leur montrer ça, histoire de me venger de ne pouvoir être avec eux.

Je verrai d’autres truites, 4 ou 5, toutes avec le même comportement : pas intéressées par la dérive en surface, mais plutà´t branchées par ce que je suppose être les gammares. Il faut que je m’en monte.

Bref, c’était mal parti, mais cet après-midi m’aura apporté en fait mon plus grand poisson pêché à  la mouche en France. Mon record en Ecosse est à  54 cm … le battrai-je un jour sur ma Nive ?

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fred:
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